Théâtre Montansier
15 juin 2019
Comment transmettre ? Et que transmettre ?
Au cœur de nos vies, la transmission. Celle d’un héritage biologique, point de départ. Puis celles de savoirs, de gestes, d’une histoire, d’une culture et d’un patrimoine commun. La transmission nous ancre et nous projette. Elle nous enseigne et nous propulse. Identité et responsabilité, la transmission fait société, elle nourrit notre humanité.
Comment transmettre ? Et que transmettre ? Cette question est au cœur des conférences TEDx, Technology, Entertainment & Design, soucieuses de faire circuler les expériences et les idées. A l’aube de la première conférence TEDx à Versailles, la transmission s’impose comme thématique. Du passage de la tradition à la culture de l’innovation, nous interrogeons la transmission dans les sciences, l’art, l’environnement, en pédagogie et sous l’œil de la philosophie.
Legs du passé pour mieux inventer demain la transmission est un pari.
Relevons-le !
Les intervenants
Thibaut Gress
Peut-on transmettre la tradition ? L'avenir du passé.
Penser la transmission et la tradition, c’est penser la possibilité d’établir une chaîne des temps par laquelle, en dépit du passage du temps, quelque chose de l’ordre du sens et de la légitimité se trouve tout à la fois conservé et sans cesse réactualisé.
Quant à l’innovation, elle fut durant des siècles pensée comme un retour aux sources ou comme une re-naissance rendue possible par le souvenir de la tradition. Mais, aujourd’hui, nous entendons à travers la notion d’innovation essentiellement l’idée d’une nouveauté radicale, sans lien avec un quelconque retour à l’origine. Cette nouvelle entente de l’innovation a valeur de symptôme, celui du bouleversement de notre rapport à la transmission et à la tradition devenues problématiques – raison pour laquelle nous devrons questionner leur place en démocratie et non plus les considérer comme d’évidentes nécessités.
Philippe Chomaz
La seconde révolution quantique et l'ordinateur de Sissa
Mécanique Newtonienne, électromagnétisme Maxwellien, thermodynamique et entropie de Clausius … en 1900, la physique était belle et semblait achevée !
Il ne restait que quelques « petits nuages dans le ciel bleu de la physique » disait alors Lord Kelvin devant la Royal Institution of Great Britain. Ces petits nuages allaient devenir une véritable tempête qui au XXe siècle emporta tout sur son passage. Le premier allait imposer que la lumière est granulaire, composée de corpuscules, les photons. Et la seconde, que les électrons dans les atomes sont des ondes. Le monde n’était plus que dualité onde et corpuscule.
L’Univers était devenu quantique !
Cette révolution de la physique fait, dans la seconde moitié du XX siècle, basculer notre société dans une nouvelle ère : celle de l’information. La mécanique quantique enfantera du transistor et du laser qui seront la porte vers l’ordinateur et la communication. Et ainsi tout devint possible : internet, algorithmes, intelligence artificielle …
Mais dans les laboratoires du monde entier les chercheurs préparent une troisième révolution quantique en s’appuyant sur les propriétés les plus extraordinaires du monde quantique telle la superposition, la non-localité, l’intrication.
Ordinateur quantique, téléportation, senseur ultimes …
vont-ils ouvrir la boite du chat de Schrödinger ?
Laurent Turcot
L'Histoire est un terrain de jeu, un jeu vidéo !
Imaginez-vous dans le Paris de la Révolution Française, dans le Château de Versailles en train de piller la galerie des glaces à la recherche des trésors accumulés par Louis XVI.
C’est possible grâce aux jeux vidéo qui vous font rentrer dans la peau des personnages de l’époque. Ce principe de donner à voir l’histoire, de donner envie aux jeunes de s’y plonger pour découvrir le passé de nos sociétés afin de comprendre le monde d'aujourd’hui et de se projeter dans l’avenir, c’est la mission que s’est fixée l’historien canadien Laurent Turcot en utilisant les nouveaux médias et en participant à la conception de ces jeux vidéo.
Laurent Turcot est un spécialiste de l’histoire culturelle européenne et transatlantique. Il est reconnu internationalement pour ses travaux portant sur les rapports entre société, sports et loisirs. Il a récemment été admis au Collège des nouveaux chercheurs de la Société royale du Canada. Il a cofondé le Laboratoire sur l’histoire de la pensée moderne et le Groupe de recherche en histoire des sociabilités. Il dirige la Chaire de recherche du Canada en histoire des loisirs et des divertissements. Reconnu comme l'un des communicateurs les plus talentueux de sa génération, il intervient régulièrement à la télévision canadienne, afin d'assurer la transmission de l'histoire au plus grand nombre. Sa curiosité insatiable, sa culture historique très large, son sens de la synthèse et de l'humour font de lui une référence désormais incontournable dans le domaine. Il est l’auteur de nombreux livres d’histoire ainsi que d’une série de romans historiques.
Patrick Bourdet
Les plus grands héritages sont intangibles
Comment après avoir vécu son enfance dans la misère et la violence, on peut gravir les échelons de notre société en partant de balayeur pour devenir Directeur d'une entreprise innovante durant 8 ans aux USA ?
Quelles sont les stratégies qui sont mise en œuvre pour advenir et combien son histoire personnelle peut structurer sa relation au monde.
Tout d'abord déconstruire ce qui a été transmis pour tout transformer. Nous n’échappons pas à nos histoires mais grâce à la compréhension de nous-même, grâce au courage, grâce à nos sauveurs, tel des alchimistes, nous pouvons nous transformer, nous pouvons transformer nos histoires, influencer nos trajectoires et finir peut-être un jour par modéliser ce que nous voudrions transmettre.
Surnommé « l’enfant de la forêt » par certains grands médias, Patrick Bourdet est orphelin de l’assistance publique. Initialement titulaire d’un CAP de mécanicien auto, il travaille déjà à l’âge de 14 ans. Il est balayeur à 17 ans, puis ouvrier, technicien, ingénieur etc... et ne cesse d’étudier en parallèle de son évolution professionnelle. Infatigable Intrapreneur, il fonde AREVA Med (Orano Med), la filiale médicale du groupe Orano qu’il dirige pendant 10 ans, dont 8 depuis les USA ou AREVA Med est récompensée pour ses innovations par la fondation Bill Clinton, à New York.
Contre-exemple du déterminisme social, Chevalier dans l’Ordre De La Légion d’Honneur, et « humaniste viscéral », il est auteur du best-seller « rien n’est joué d’avance ». Il est aujourd’hui coach, gestalt thérapeute et Président d’Olivaie-Consulting, un cabinet de conseils spécialisé dans l’évolution et l’accompagnement des dirigeants et la performance des organisations.
Matthieu Witvoet
Déchets plastiques : comment innover pour survivre ?
C’est au cinéma, devant le film Demain que Matthieu prend conscience que partout, des gens changent le monde. Inspiré par ces récits et à la suite de ses études de commerce en Angleterre, il rejoint l’association Ashoka pour y développer le réseau de Changemaker Schools.
Avec son cousin, il est ensuite rattrapé par un rêve d’enfant : faire un tour du monde en vélo sur les solutions face aux déchets plastiques. Ensemble, durant un, ils pédalent 18 000 km sur 5 continents pour promouvoir les solutions découvertes à travers la web série Cycle to Recycle Plastic. De retour en France il rejoint le réseau Circul’R pour aider les initiatives rencontrés à se développer.
"J’ai 25 ans et je refuse de croire à la fin du monde."
Dans les 50 dernières années, l’impact de notre consommation a causé la disparition de plus d’une espèce sur deux. Si nous continuons dans cette lancée, dans 30 ans, nous serons 10 milliards sur terre à vivre avec des océans remplis de plastiques, des forêts primaires coupées et des villes submergées, certains parlent même d’effondrement de l’humanité.
"Mais à travers le monde, j’ai eu l’occasion de rencontrer plus d’une centaine de solutions qui me donnent de l'espoir. De la politique environnementale du Rwanda jusqu’aux bioplastiques en Indonésie, je suis ici pour témoigner de ces initiatives locales et expliquer comment nous pouvons nous en inspirer pour survivre."
Sabine Raynal
Le parfum, l'art de se laisser mener par le bout du nez
L’odorat est le sens que nous utilisons le plus, même sans en avoir toujours pleinement conscience.
Dans l’histoire de l’humanité, le parfum a occupé plusieurs fonctions, d’hygiène, de rituel et de séduction et régit ainsi notre relation à nous-même, au Divin et à l’autre. L’olfaction, l’odorat en action, joue un rôle essentiel dans nombre d’activités humaines notamment dans le domaine médical, mais elle règne en maître dans l’art de la parfumerie, surtout depuis Louis XIV – le roi le plus parfumé de France !
Découvrir l’olfaction et son impact majeur dans notre quotidien, c’est aussi s’intéresser à l’éducation de ce sens pour former les futurs parfumeurs.
Sabine Raynal, Isipca, a participé aux développements de nombreux parfums tant en fine fragrance qu'en marketing dit olfactif, son parcours s'oriente également vers un accompagnement humain avec une implication dans la thérapie en milieu hospitalier grace aux odeurs.
Elle choisit de travailler dans la transmission des expériences et des savoirs, en devenant enseignante à l'ISIPCA depuis maintenant plus de dix ans : elle y partage sa passion et son expérience avec les futurs professionnels de la parfumerie. Créée en 1970 par Jean-Jacques Guerlain et implantée à Versailles, ISIPCA, Institut Supérieur International du Parfum, de la Cosmétique et des Arômes est l’école de référence mondiale dans le secteur du Parfum
Gabriel Urgell Reyes
Quel musicien classique pour le 21ème siècle ?
Le secteur de la musique classique souffre parfois d’une image poussiéreuse, édulcorée, cloisonnée, tandis que de nombreuses productions et initiatives audacieuses y apportent un ferme contredit.
Promouvoir la diversité dans les concerts, productions et en pédagogie, avec des programmes faisant se côtoyer classiques européens et latino-américains, des projets artistiques transversaux (musique, arts visuels, poésie...) et des compositions électroacoustiques, s’est imposé comme la meilleure solution pour éveiller la curiosité du public, favoriser le dialogue entre les cultures et créer une synergie intergénérationnelle dans le partage de la musique, tout en abattant les cloisons entre classique et populaire. Cette démarche interroge la figure du musicien du 21e siècle et contribue à élargir les contours de la création artistique, ainsi qu’à redéfinir les rapports qui s’établissent entre l’artiste et son public, dans un contexte de développement fulgurant des nouvelles technologies.